2007 direction l'Afrique |
L'Afrique |
Et voilà, après quatre ans de navigation côtière, le Pjuske est près à partir vers de nouvelles aventures. J'ai changé pas mal de choses cet hiver : grand voile, alternateur, une batterie et un panneau solaire supplémentaires. J'ai passé des heures à tout vérifier, de la quille à la tête de mât en passant par le moteur. On a chargé aussi une vingtaine de colis pour le Siné Saloun et la Casamance car nous faisons partie d'une association de voileux qui s'appelle Voiles sans Frontière. Cette association transporte, par le biais de voiliers, des colis de médicaments ou fournitures scolaires vers le Sénégal. Chargement des colis Voiles sans frontière Christian est arrivé de Corse et après deux jours de courses et de derniers bricolages, on est parti le samedi 25 Août à 17 heures. Pas de vent. Moteur et coucher de soleil somptueux sur le Canigou. La suite c'est 3 jours de moteur jusqu'au Cabo de Palos, sauf dans l'après-midi de dimanche où on a avancé à la voile. On a tracé une route directe avec un arrêt gazoil au nord de Barcelone et un autre au nord d 'Alicante. On a vu la terre qu'à l'occasion de ces stops. Le reste du temps, on est au large dans la brume de chaleur avec peu de visi. Christian pêche une bonite et moi je laisse passer trop près de l'arrière un voilier Canadien qui prend notre ligne dans son hélice. La nuit beaucoup de gros bateaux dans tous les sens. Escale sympa de deux jours à Cartagène chez Géraldine et Olivier qui nous font visiter le secteur. Un vent de nord-est de 30 noeuds est annoncé, parfait pour nous pousser vers la côte nord du Maroc. On largue à 19 heures le jeudi 30 Août, le vent ne dépassera pas 30 noeuds mais en moyenne c'est resté à 20 noeuds. On navigue sous genois tangoné seul, beaucoup de gros bateaux car on est en face de Gibraltar mais c'est la pleine lune et c'est sympa d'avoir ce gros phare. Samedi, on est à Melilla, enclave espagnole au Maroc. Dodo, douches, bières au yatcht club. Dimanche, on est invité par Bernard et Nadine qui vivent à Nador. Ils passent la journée à nous promener dans la région et à nous montrer leur projet de création de parc de loisir. C'est une des rares régions peu touristique du Maroc, pour nous c'est idéal. Le soir, on est invité à prendre le thé dans la famille de Mustapha, un de leurs amis. Ca se termine par un repas avec un super couscous ! Seul truc un peu dérangeant à nos yeux d'européens : la mère et les quatres soeurs de Mustapha, qui ont poutant pris le thé avec nous avant le repas, disparaissent pendant celui-ci alors qu'elles ont passé pas mal de temps à préparer et servir. On repasse la frontière à 3 heures du matin. Queue de 30 minutes. C'est la séparation de deux mondes : Afrique et Europe. Pauvres et riches. C'est là qu'il y a 2 ans des noirs se sont jetés sur les barbelés pour passer en force. Depuis, ils ont réhaussé et doublé la clôture à 6 mètres... ça patrouille en quad tout le temps dans ce « no man's land » et les clandestins sont partis ailleurs dans l'espoir de passer plus facilement. Le 4 septembre, on repart vers Ceuta, autre enclave Espagnole au Maroc. Départ vers 8h du mat, 2 heures de moteur, puis à la voile jusqu'au lendemain où on est arrivés à 14h. Navigation calme, on est juste à l'entrée du détroit de Gibraltar et il faut refaire des calculs de marées et de courants comme en Bretagne. J'en avais pas fait depuis 2002 au même endroit. Ici, les courants sont très forts et il vaut mieux essayer d'aller avec eux. On reste 2 jours à Ceuta, ville sans trop d' intérêt, c'est le Pas de la Case ou Andorre car tout y est free-taxes. Donc rotation impressionante de ferries depuis l'Espagne qui est à moins d'une heure de mer. Christian en profite pour perdre son magifique appareil photo au cyber café. Le samedi, direction Tanger car Tove arrive le soir. Navigation rapide avec le courant et on est dans l'Atlantique. Adieu la Méditérannée. Détroit de Gibraltar A Tanger, on est le seul bateau de passage, ammaré contre un vieux bateau pilote. Les formalités sont trés rapides et simplifiées. Accueil sympa, wifi au bureau du yacht club. La météo n'annonce aucun vent pour la semaine donc on décide de rester quelques jours ici. Tous les jours, on se promène dans la ville, la Medina, la Cashbah, sur les boulevards. On goûte les pâtisseries locales, très bonnes selon moi, car c'est la préparation du Ramadan et ils en font des spéciales pour cette période. Tous les midis, on commande le repas au resto : tajines, couscous, etc. On doit déplacer le bateau : je dis à Tove de déborder l'arrière avec la gaffe mais de faire attention car il y en a beaucoup qui sont passés à l'eau en faisant cette manoeuvre. Si la gaffe dérape du quai quand on pousse fort dessus, on plonge direct. Oui oui, j'ai compris dit elle. La suite est facile à deviner : plouf dans une eau plus que crade. On l'a repechée (hé oui) et on va s'ammarer à la nouvelle place. L'eau de baignade de Tove Le port est en zone douanière et il y a de nombreux ferries pour l'Espagne. Nous entrons dans cette zone sans problème, mais les marocains sont controlés, car de nombreux gamins tentent de passer. On en voit qui réussissent, on les voit se faufiler après, le long des jetées la nuit, le but étant de se glisser sous les essieux des camions pour embarquer. Sauf que beaucoup de camions sont passés au scanner et ils se font refouler. On en a même vu traverser la darse à la nage en poussant leur baluchon. Le Pjuske à Tanger A partir du jeudi 13 septembre, c' est le Ramadan. On n'avait pas pensé à ça. On avait prévu de descendre le long du Maroc jusqu'à Agadir pour aller randonner dans l'Atlas et le désert. Mais tout est fermé le midi, on ne trouve pas de restos à part les hôtels à touristes donc la décision est prise d'aller à Madère, puis de filer sur les Canaries. Au bout de quatre jours, on part vers Mahommédia, juste au dessus de Casablanca, tout au moteur durant une tentaine d'heures. Christian pêche quand même une bonite. On visite Casablanca, la mosquée biensûr, 3ème du monde en surface après la Mecque et Médine mais le plus haut minaret, puis un grand tour en taxi, puis le centre ville et la médina. La mosquée de Casa Le lundi 17, le vent revient et on part pour l'île de Porto Santo à Madère. On est trois donc on a 6 h de repos entre chaque quart de 3 h. Tove s'adapte bien. On a 4 nuits en mer. Je flambe deux batteries sur quatre. Elles avaient quatre ans je n'ai pas voulu les changer avant de partir mais j'aurais dû! On verra ça à Madère, il m'en reste encore deux bonnes. Le vent oscille entre 8 et 15 noeuds, 20 au maxi, au près bon plein ou de travers donc confortable. On a pris un ris une nuit, le premier depuis le départ. Pour les amateurs, « prendre un ris » ne signifie pas qu'on ait mangé du riz!!!! Cela signifie réduire la voile quand le vent monte. Quand au poisson (pour aller avec le riz....), on ne pêche rien. Coucher de soleil Bref, c'est une belle nav' de 450 miles et le vendredi matin aprés quatre jours on aperçoit l'île de Porto Santo, connue pour ses belles plages dorées. A 11h on est amarrés, douchés, papier administratifs remplis et prêts à visiter l' île. Arrivée à Porto Santo Porto Santo Nous décidons de louer des quads le lendemain pour en faire le tour, et découvrons une île à visée très touristique : beaucoup de nouvelles constructions et infrastructures qui feraient des jaloux dans beaucoup de cantons plus habités en France. On voit que l'Europe est passé par là! A cette période, la végetation est desséchée, seuls points verts : les parcs et pelouses arrosés et le golf évidemment. Nous ferons 2 belles randonnées à pied, qui mènent à des vues superbes. Le soir, resto typique à l'intérieur de l'île, toujours en quads, dont un malheureusement sans lumière!!! Grandes brochettes présentées à table l'une aprés l'autre avec des viandes variées, et pour finir des tranches d'ananas également chauffées à la broche. Retour sur le bateau, toujours sans lumière!!! Dimanche repos du Seigneur, nous nous préparons à regagner Madère le lendemain, non sans avoir fait connaissance avec quelques autres bateaux au port. Beaucoup de danois en cette époque, c'est le hasard. Départ Lundi 24 Septembre pour Madère, soit 23 miles. On sort du port et on voit l'île au loin. On est plein vent arrière donc la houle nous rattrappe, et comme on est fainéant on n'a que le génois et pas de grand voile. Résultat la bateau roule énormément. On amarre à la petite marina de Quinto de Lordes vers 17 heures. Elle est au milieu de nulle part, juste un bar et un resto , les deux très chers, mais l'acceuil est très pro et très sympa. De toute façon, le port de Funchal, la capitale, est complet. Les bateaux qui y vont mouillent à l' entrée et se font secouer très fort par vent d'Est à Nord. Funchal Le lendemain, on va à Funchal en bus. On visite toute la journée : vieille ville, port, jardin botanique. Aprés, on loue une chevrolet, oui!.. mais une petite : 25 roros la journée, c'est cadeau ! Et on passe le reste de la semaine à randonner et à se balader. Madere est le paradis des randonneurs. Les plus belles balades se font le long des Levadas, ce sont des canaux d'irrigation, donc à plat. Il y en a des kilomètres, toujours en haute montagne et toujours le long de parois quasi vericales. Sujets aux vertiges : s'abstenir ! D'autant plusque la Levada fait au maxi 50cm de large et le chemin fait parfois moins. Randonnée dans les Levadas Le Samedi 30, notre équipier depuis Gruissan reprend l'avion pour la Corse. On se retrouve seuls pour la premiere fois. Même pas peur. On est prêt à affronter notre quotidien de voyageurs ! J'ai commandé des batteries mardi, elles doivent arriver vendredi. Hélas, le vendeur essaye de m' arnaquer en me refilant des batteries standard (type voiture) et pas à décharge lente comme j'en ai besoin pour tous mes instruments. On file a Funchal en commander chez un bon vendeur. Il ne sait pas si son containeur a quitté Lisbonne mais, s'il peut, il en fera rajouter deux à sa commande. Réponse demain. Le samedi le containeur est déjà parti mais comme il y a la mini transat La Rochelle/Salvador de Bahia au port et qu' il y a des concurrents qui ont aussi besoin de batteries, il me propose d'en faire venir par avion. Réponse Lundi matin à 9h, puis 11h, puis 12h, et à 12h30 il me dit qu'elles arriveront jeudi!!!! Moins d'une heure aprés nous étions partis, cap sur l'le de Ténérife aux Canaries. On est le 1er Octobre. Le vent est de travers et on file jusqu'à la nuit à 6,5 noeuds, puis tout se calme jusqu'à minuit. Le vent est tombé, on se traine, il commence à pleuvoir. Je suis en bas en train de prendre mon ciré quand le vent se lève à plus de 20 noeuds. Il pleut des cordes. On roule du génois, et on prend un ris. Le bateau se stabilise, ça dure une demi heure puis tout se calme et ça repart tranquillement. Il y en aura un autre vers 4h du matin mais je l'ai vu venir car la lune s'est levée entre temps. Pour les quarts, Tove fait de 21h à 00h, et moi de 00h à 6h du mat. Le reste de la journée c'est comme on veut. La journée suivante est cool, on avance à peu prés bien, la nuit est trés belle, et à 9h du matin on voit le Teide, point culminant de l'Espagne. Il nous faudra encore attendre 17 heures pour jeter l'ancre dans la baie d' Antequera au nord de Santa Cruz de Tenerife. Baignade!!!! première pour Tove, apéro, et farniente. Arrivée à Tenerife De bonne heure (10 h!!) nous repartons pour Santa Cruz de Ténérife, au moteur car mer d'huile. Petite halte pour faire le plein de diesel (la difference de prix avec Madère nous paiera le restau) et arrivée au port. Bonne surprise : ils ont revu les prix à la baisse (17 €), une demi heure aprés un employé est à bord pour les batteries (très pro), infos prises pour les excursions à refaire et nous décidons de rester le temps qu'il faudra pour préparer le bateau . C'est ici le dernier port avec la possibilité de trouver du matos nautique avant 7 mois et notre arrivée au Brésil. Nous louons une voiture pour monter au Teide. Le lendemain nous explorons la côte nord qui pour nous est toujours la plus belle de l'île. Côte Nord Teide Champ de lave Le reste de la semaine se passe en balades diverses et variées et en maintenance du bateau : on achète meme une petite machine à laver pour soulager Tove qui, depuis qu'elle est à la retraite, ne veut plus rien faire. Au port, elle tourne au 220 W et au mouillage je la ferai tourner grâce au groupe électrogène. La machine, pas Tove bien sur ! Le vendredi 12 octobre, nous quittons Ténérife à midi. Il y a une dépression sur les Canaries qui génère des vents très légers de Sud-Est, ce qui est assez rare en cette période. Tellement légers que nous sommes au moteur. Nous en profitons pour partir au Nord-Est et doubler la pointe nord de l'île, ce qui aurait été très difficile avec les vents habituels du Nord-Est. Après cap plein ouest vers l'île de La Palma. On fait route commune avec Thimshel 2 , un autre bateau de la flotte de Voiles sans Frontières, avec à bord Françis, Catherine et leur fils Nikolas, agé de 4 ans. On navigue à la voile à partir de 15 h, d'abord pas trop vite, puis à plus de 5 noeuds toute la nuit. Au petit matin, on est arrivé. Arrivée à Palma La marina est très petite, pas plus de six places pour les visiteurs au ponton. Mais l'accueil est très chaleureux. Le Royal Yacht Club tout neuf, avec bar, resto, salons confortables avec Wi Fi partout, plus deux piscines immenses (une intérieure avec salle de sport et jaccuzi et une extérieure à libre disposition.. On est à deux pas du centre ville qui est charmant, avec de vieilles maisons dans de jolies ruelles pavées. Yatch Club de Palma La Palma Avec l'équipage de Thimshel 2, nous louons une voiture le dimanche pour visiter le centre de l'île où il y a un cratère immense de 20 kilometres de circonférence (le 2ème au monde) et qui culmine à 2400 m. Ballade impressionante, avec des pics vertigineux au milieu de la rocaille et de la lave. Volcan Le soir, plus de lumière à bord malgré les deux batteries neuves. Je flippe un peu (beaucoup de stress : dixit Tove). Mais j'ai de la chance, un voisin de ponton est un pro de l'électricité. Il me vérifie tout en une heure, j'avais juste une cosse desserée, et quelques faux contacts en particulier sur mon testeur de batteries qui est censé me donner l'état de ces dernières (volts, ampères qui rentrent et qui sortent et pourcentage de charge). Thimshel 2 part lundi soir pour La Gomera. Ils sont un peu pressés pour partir ensuite au Cap Vert. Comme le mot « pressés » ne fait pas partie du vocabulaire à bord du Pjuske, nous restons encore et louons une voiture pour deux jours, pour voir d'abord le Nord, puis le Sud de l'île et randonner encore un peu à travers la montagne. Ici, on passe de la rocaille desséchée sans aucune verdure à une vallée luxuriante comme sous les tropiques. Banane toi même Les trois derniers jours se passent à traîner en ville, à la piscine, à préparer le bateau en vue du départ vers Dakar et à se reposer Roi de la pêche On quitte La Palma le samedi 20 octobre à 22 h. Le vent annoncé est de 15 noeuds, la traversée est de 50 Milles, soit de 10 à 12 heures. On a prévu de passer la nuit en mer, on aime bien ça et ainsi on ne perd pas de temps. Sitôt la jetée franchie, on trouve une mer absolument dégueulasse. Croisée et hachée. Le vent oscille entre 15 et 20 noeuds de travers. Il a soufflé fort ces deux derniers jours, et entre les îles c'est toujours un peu confu. Bref l'estomac du capitaine n'y résiste pas. Quand à Tove, elle va dormir. Le bateau marche bien. Je ne suis pas très en forme mais les lumières de La Goméra apparaissent vers 2h du matin, au moment où la lune va se coucher et ça m'aide à tenir. Au petit jour, on a droit à un magnifque lever de soleil sur le Teide et on fait notre entée au port de San Sébastian de la Goméra à 9 h. Arrivée à La Goméra Nos amis de Thimshel 2 sont là. Thimshel Il n'y a pas de vent annoncé pour les quatre jours à venir. Dans ce port, il y a des bateaux de tous les pays européens prêts à partir soit pour le Cap Vert (la grosse majorité), soit pour traverser vers les Antilles, soit (comme nous) pour partir en Afrique. Les équipages sont ou des retraités partis pour plusieurs années, ou des couples plus jeunes avec enfants et qui ont pris une année sabbatique pour faire un tour de l'Atlantique en famille. Port de La Goméra San Sébastian est une petite ville très sympa, pas trop touristique,à l'image de l'île de La Goméra. C'est d'ici qu'est parti Chistobald Colomb pour sa première traversée. On loue une voiture avec l'équipage de Thimshel 2 pour faire un tour de l'île et marcher un peu. Vallée Gran Rey Le vent est absent jusqu'au jeudi. Le grand plus, c'est que nous nous baignons tous les jours avec une vue superbe sur le Teide qui paraît très près dans ce ciel sans nuages. Dans ce port, l'ambiance est spéciale car tout le monde se prépare pour une grande navigation. Au minimum huit jours pour le Cap Vert, un peu plus pour l'Afrique. Surtout pour nous qui sommes bien chargés.Ca discute dur sur les pontons : tactique, matériel, routes, météo etc,etc...Les apéros et repas vont bien aussi ! Comme prévu le vent revient Jeudi. Thimshel 2 part dans l'après-midi vers le cap Vert. On doit se retrouver en Casamance pour les fêtes de fin d'année aprés notre mission dans le Siné Saloum. Le Pjuske et Thimset au départ Derniers préparatifs pour nous : le plein d'eau, de gaz, de carburant, dernières provisions (apéros et vin tant qu'on est en Espagne), plus du frais pour la traversée de huit jours qui nous attend jusqu'au Sénégal. On quitte l'Europe, en principe plus de ports à payer jusqu'au Brésil, plus de supermarchés où on trouve vraiment de tout. Mais j'espère encore trouver des cybercafés ou du wifi pour continuer d'actualiser ce site passionnant. TRAVERSEE CANARIES - SENEGAL Voici le récit de notre première grande traversée seuls, sans équipiers, entre La Goméra (Canaries) et Dakar (Sénégal), soit 820 miles nautiques en 6 jours et demi. Premier jour : le Samedi 27 novembre 2007 A midi pétante (je sais, c'est pas trop tôt), le Pjuske franchit la jetée de La Goméra. Le vent est à 26 noeuds, donc grand voile à 2 ris et petit bout de génois, mais on file à 6 noeuds quand même. On déjeune un avocat et des lentilles préparées d'avance. Départ de La Goméra A 15 h, le vent passant arrière, je suis obligé de tangonner le génois. C'est à dire de mettre un gros tube (le tangon) entre le mat et la voile pour tenir celle-ci bien ouverte. Cela ne se fait que vent arrière, d'un coté ou de l'autre. Mais c'est long et costaud à mettre en place par mer formée. Et je l'aurais fait un paquet de fois pendant cette traversée, de jour comme de nuit. Génois tangonné Re- lentilles le soir, on mangera mieux quand on aura pris nos marques. La nuit se passe bien, sauf que Tove me réveille vers 23 h car elle est inquiétée par une lueur bizarre vers l' Est. « Ne t'inquiètes pas ma chérie, c'est la Lune! ». Et comme elle est pleine, on l'aura toute la traversée. Premier bateau croisé à 2h du matin. Deuxieme jour : Dimanche Temps maussade et gris le matin, le vent baisse à 13 noeuds, donc je sors un ris à la grand voile. Et comme il a tourné vers l' Est, je détangonne le génois. A midi : jambon, chou-fleur. Tove laisse une demi cafétière dans un équipet, évidement elle se vide sur un coup de roulis et je gueule un peu . Le soir : tortillas de patatas, pas facile par mer agitée ! Christian a envoyé la météo, vent prévu à 15, puis 20 noeuds pour les deux jours suivants. Couché de soleil Le vent monte et repasse arrière à 21 h donc je retangonne. On avance toujours à plus de 5 noeuds et de minuit à 3 h c'est une navigation parfaite sous les étoiles . Puis le vent monte et je passe deux heures à régler les voiles tant les conditions changent. Troisieme jour : Lundi On croise toujours un à deux bateaux par jour, ils longent comme nous les côtes de l'Afrique. La barre à roue grince un peu, c' est énervant et je décide de démonter et graisser tout ca. Réparation de la barre à roue A midi : piperade avec couscous et le soir aussi. Le vent oscille entre 20 et 25 noeuds. On marche toujours vite entre 5 et 6 noeuds. Les quarts de nuit s'organisent comme suit : Tove de 21h à minuit, moi de minuit à 6h, Tove de 6h à 9h, puis la journée comme on veut. Pendant la nuit on s'endort parfois, mais on a l'arme fatale : le cocotier acheté 6 ans plus tôt aux Açores ! On le règle sur 15 ou 20 minutes et il y a un bruit horrible qui nous tire du sommeil. L'arme fatale Pendant le quart de Tove, j'entends un bruit bizzare. Elle ne voit rien de spécial. Je me lève et voit mon bidon d'essence pour le groupe électogène qui traîne dans l'eau. Je le remonte, l'attache bien et re-dodo. Le vent monte encore un peu et je suis sous grand voile à un ris et sans génois. En plus on a froid, j'ai la polaire. Tove, à 6h, prendra sa veste de quart, mais elle aura droit à un lever de soleil superbe. Quatrieme jour : Mardi On remet du génois au jour. Le vent se maintient trois quart arrière à 20 noeuds. A midi : pates carbonara. L'après midi est calme. On approche du Cap Blanc, mais on reste à 60 miles des côtes pour éviter les pêcheurs et les autorités mauritaniennes. Le vent repasse arrière à 17h je retangonne. Le soir, repas froid, avocat, paté, fromage. Mais toujours avec du rosé frais : Don Simon en brique ! Minuit : le Cap blanc est derrière nous et on fait route directe vers Dakar. Le vent force et je prends un ris à 2 h. Pas facile au vent arrière. Cinquieme jour : Mercredi Le vent oscille entre 25 et 30 noeuds, la mer est assez forte. Au changement de quart (à 7h30 car j' ai laissé Tove dormir une heure et demie de plus...il est gentil le capitaine !) un troupeau de dauphins chasse autour du bateau. Les poissons volants filent à toute allure hors de l'eau. On en ramasse cinq énormes sur le pont du bateau. Mer agitée Pendant que j'essaye de dormir, le frigo se fait la malle sur un coup de roulis et fini contre l'échelle de la descente. Je remets tout en place , il n' y a rien de cassé. Mais il nous tarde d'écouter Arielle Cassim et sa météo sur RFI. Elle annonce 15 à 20 noeuds et effectivement ça baisse en début d'aprés midi. Au repas: avocats, tomates et fromage. L'aprés midi et le début de nuit sont supers, voiles en ciseaux, le bateau marche bien dans une mer un peu plus calme. Le soir : morue et patates. On garde le contact Le vent remonte dans la nuit à 23 noeuds. On croise quelques bateaux et surtout deux bateaux usines tres éclairés et qui ne bougent pas. On voit leurs lueurs pendant des heures. Sixieme jour : Jeudi Le vent est toujours fort le matin et la mer est redevenue assez forte. Il est sur l'arrière mais de l'autre coté et je dois empanner la grand voile, le génois et son tangon. Je ne peux pas faire tourner le groupe électrogène car le roulis fait déclencher l'alarme de pression d'huile et ça coupe le moteur. Je fais un grand nettoyage du bateau et du capitaine à grands coups de seaux d'eau. Ca réveille et ça fait beaucoup de bien. Je suis ainsi prêt pour l'apéro de midi. Repas : boulettes de viande et patates. L'après-midi, le vent rebaisse pour finir par tomber à 12 noeuds à minuit. A 21 h, j' ai ré-empanné car le vent est revenu sur le bon coté, c'est à dire au Nord Est. Repas du soir: sur du pain noir comme au Danemark, tomates puis pâté au .....roquefort. Dégeu le paté...! A 8 h plus de vent et je lance le moteur jusqu'au petit jour. Septieme jour :Vendredi Au lever du jour, tout est gris et brumeux. On espère être à Dakar dans la nuit ou demain matin. A l'Ouest j'aperçois très loin un truc qui flotte. Un quart d'heure plus tard, aux jumelles, je devine que c'est plutôt une pirogue. Un quart d'heure de plus et effectivement c'est une grande pirogue de 15 mètres à peu prés avec 25 à 30 personnes à bord. Je pense tout de suite à une pirogue essayant de quitter l'Afrique, mais sa route est bizzare car elle ne s'éloigne pas du Sénégal. Elle a l'air d'y revenir. Ils naviguent presque parallèlement à nous mais force est de constater qu'ils se rapprochent insensiblement. J'allume le téléphonne satellite, prêt à demander de l'aide s'ils essayent de monter à bord. On n'est pas du tout rassurés par cette rencontre. Ils sont mieux motorisés que nous et surtout plus nombreux. Finalement ils passent sur l'arrière, mais tellement prêt que je dois remonter la ligne de traîne. Deux ou trois envoient des signes de la main, mais la plupart sont assis sur des bancs, trés stoïques. Puis aussi lentement qu'ils se sont approchés, les voilà qui s'éloignent, mais on a attendu une demi heure avant de souffler et de se payer un super petit déjeuner. On les verra encore une heure aprés. Et on était à 60 miles des côtes!! En discutant à Dakar, on a supposé que c'était une relève de pécheurs alors que les bateaux restent au large. Le reste de la journée est plus calme dans un vent léger et changeant. A midi, c'est saucisses et carottes vichy. Empaner, tangonner, détangonner, et finalement vers 20 h on aperçoit les lumières de Dakar. On doit faire le tour de la presqu'île et de l'île de Gorée et à 2 h du matin l'ancre tombe par 5 mètres de fond, dans l'anse de Hann. On est tellement content de nous qu'on reste une heure à picoler du gin en écoutant les bruits de l'Afrique. Le Cercle De Voile de Dakar |